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LE DEVOIR D'UNE MERE APRES LE DEPART DE SON COMPAGNON

 

 


- Dépêche-toi Maryse, je dois prendre le bus. Tu traînes toujours. Sinon, je le rate.

- Oui, maman, répond Maryse

 

La petite Maryse âgée de cinq ans trotte après sa mère. Elle va à l'école maternelle. Elle essuie toutes les sautes d'humeur de sa maman.

 

Angèle est enceinte de six mois. Elle fait face à cette nouvelle vie de sevrage. Elle vient d'être abandonnée par son copain, suite à une dispute. C'est très dur. Etre au four et au moulin en même temps. Voilà, ce qu'on appelle : prendre ses responsabilités à deux mains.

 

Le bus arrive. Tout le  monde se dépêche pour arriver à l'arrêt du bus en même temps. C'est le branle-bas. Enfin, ça y est. Tous les passagers sont embarqués.

 

Angèle s'assoit près d'un homme assez jeune. Elle entoure sa fille avec ses bras pour empêcher toute chute. Celle-ci voyage debout de façon à laisser une place pour les autres voyageurs. Par inadvertance, Angèle fait un faux mouvement et heurte violemment son voisin assez jeune.

 

- Oh pardon Monsieur, lui dit Angèle

 

Il fait grise mine et pousse un cri ! Angèle sursaute et remarque qu'un filet de sang jaillit du bras droit de son voisin. Son panier a frôlé son voisin et une aiguille à tricoter qui dépassait est responsable de ce sang.

 

- Vous avez mal ? lui demande Angèle

- Oh oui, lui répond son voisin. Cela vient de quoi ?

- J'ai emmené un ouvrage au tricot à faire et c'est certainement l'aiguille qui vous a piqué. Je vous demande pardon. Si cela se complique, je vous donne mon adresse, vous viendrez sur place et je m'occuperai de près de votre blessure.

- OK, répond son voisin de voyage.

 

Alors, les jours et les semaines passent. Angèle ne se  préoccupe plus de cette affaire. Pour elle, c'est résolu. Mais un soir, en faisant dîner sa fille Maryse, elle est dérangée par la sonnerie de la porte.

 

- Dring ! Dring !

 

Angèle est surprise. Qui est-ce ? Son ancien copain ? Non. Ce n'est pas lui. C'est le voisin de voyage qu'elle a blessé par mégarde dans le bus.

 

Elle ouvre la porte. Elle ne reconnaît pas le visiteur.

 

- Qui êtes vous ? lui demande Angèle

 

- Je suis Christian, votre voisin de voyage que vous avez blessé par mégarde. Je ne suis pas bien. 

- L'affaire s'est compliquée. Je viens vous demander réparation, lui dit Christian.

- Mais Monsieur, vous n'avez pas désinfecté la plaie depuis ce jour ?

- Non, parce que je n'avais rien.  Vous devez me rembourser la somme de quatre vingt dix euros (90 euros).

- Mais, Monsieur, je n'ai pas cette somme. Je suis seule avec ma fille. Mon gars est parti. Je me trouve dans une salle affaire. Et qu'allez-vous faire ? Vous allez me dénoncer à la police ?

- Non. Eh bien tant pis. Je vais laisser tomber cette affaire.

- Si j'avais les sous, je vous les aurais donnés sans rechigner. Cela tombe mal. Si vraiment vous tenez à cet argent, je vous demande d'attendre deux mois. J'ai beaucoup de choses à payer et je suis seule.

- Non, laissez tomber. Bien, je vais m'en aller, dit Christian

- Oh, désolée. Voulez-vous boire quelque chose ? lui demande Angèle

- Oh oui. Si vous avez de la bière, cela me ferait un vrai plaisir, lui demande Christian

- Oh non. Je n'en ai pas. J'ai une limonade. La voulez-vous ? demande Angèle

- Oui, ça va.

 

Angèle prépare le service et pendant ce temps, Christian se met à fumer.

 

Oh, non Monsieur, on ne fume pas chez moi. Je suis allergique ainsi que ma fille, dit Angèle

- Oh c'est dommage, je vais éteindre cette cigarette. Oh excusez-moi, lui dit Christian.

- Merci lui dit Angèle. Je me sens mieux comme ça.

- Je vois que vous avez beaucoup à faire, lui demande Christian

- Oh oui, je dois me débrouiller pour que tout soit au top, lui répond Angèle. Bientôt, je vais accoucher, je ne sais comment je vais faire. J'ai ma fille. Il faut que je trouve une nourrice pour me garder l'enfant pendant l'accouchement. Je vais faire appel à l'assistante sociale. Je pense qu'elle me trouvera quelqu'un de sérieux. 

- Vous êtes une femme courageuse ! lui dit Christian.

- Je ne sais pas. Je ne vois pas ce qui se passe chez les autres femmes qui sont dans le même état que moi.

- Mais moi, je peux vous dire, que vous êtes très très bien. Personne ne vous a complimentée sur la tenue de votre logis ? lui demande Christian

- Non. Comme je ne reçois personne et ne vais chez personne, j'ignore ce qui se passe ailleurs, répond Angèle.

- Félicitations Madame ! lui dit Christian

- Bien Madame, je vais m'en aller. Merci de m'avoir accordé quelques minutes pour mettre les choses au point, lui dit Christian. Au revoir.

- Au revoir Monsieur, lui dit Angèle

 

Christian est perdu. Il attendait cet argent pour combler quelques déficits dans son foyer, mais par orgueil, il n'a pas osé le dire.

 

Les jours, semaines, mois, années et rien de particulier pour Christian. Sauf la naissance du fils d'Angèle qui représente une charge supplémentaire tant au  point de vue : attention, amour, éducation, nourriture, habillement. Tant d'amour accordé pour son nouveau-né, lui a fait perdre beaucoup de poids. Elle ne sourit pas beaucoup. Elle vit tout simplement. Vu cette chute vertigineuse qu'elle a vécue, Angèle n'est pas prête à renouer avec un homme. Plusieurs fois elle se remémore des bons moments passés en sa compagnie.

 

[Viens ma chérie, tu es la plus belle femme que j'ai rencontrée. ]

[Tu es formidable ! ]

[Je ne pourrai pas vivre sans toi ! ]

[Comment se fait-il qu'on ne se soit pas vu plus tôt ! ]

[Je n'arrive pas à envisager une vie sans toi !]

[Je t'aime et t'aimerai pour toujours !]

[Tu es bien !]

[Rien à redire !]

[Merci Seigneur !]

 

Et pourtant, tous ces mots n'ont plus la même sonorité. Ils sont oubliés. Mon compagnon est parti suite à une dispute. A quoi ça sert de mentir ? Voilà le jugement ! Peut-on se fier à de tels aveux ? Non. Il faut toujours vivre au présent. Le futur que nous essayons de vivre est éphémère. Ce qui devrait être vécu n'aura pas lieu. C'est bâtir un château sur du sable. Tout s'écroule. La seule chose qui compte aux yeux d'Angèle, c'est que ses enfants aient une place honorable dans la société.

 

 

Au travail, tout se passe bien. On lui pose souvent  la question : "Ca va, Angèle ?" Sa réponse est toujours la même : "Oui, ça va bien, merci." Mais intérieurement, elle souffre beaucoup. Pas d'amant, elle est écoeurée de  l'ensemble de la gent masculine. Elle n'aurait jamais pensé qu'un homme aurait de tels caprices devant ses responsabilités. Partir quand votre propre femme attend un enfant de vous. C'est à ce moment qu'elle a besoin de vous pour multiples raisons. C'est une absence inexcusable. Mais avec le temps, si cet enfant réussit son parcours scolaire ou son nom est inscrit en gros sur l'affiche, vous reconnaissez que c'est votre progéniture. Vous êtes un lâche ! Vous montrez à tout le  monde le visage de votre enfant biologique. Vous n'avez point honte de lui faire de la publicité. Cet enfant est devenu QUELQU'UN. Vous le reconnaissez maintenant, mais il est un peu tard ! Vous n'avez plus contact avec sa maman. Intérieurement, vous avez honte. Que venez-vous faire maintenant ? Vous n'êtes pas le bienvenu. Sortez d'ici. Vous faites partie des gens détestables, malhonnêtes ! Votre départ n'a pas été digéré par la société. Tout l'honneur revient à sa maman Angèle. Elle est fière de son fils. Voilà la récompense de ses nuits écourtées par les pleurs de l'enfant, par ses petits malaises, par ses nombreux soucis de santé. Voilà l'être humain que vous avez ignoré pendant des mois, des années. Le voilà sain et sauf et HONORE. Il occupe une place importante dans la société. Il est directeur de banque. Et vous, que faites-vous maintenant ? Que venez-vous chercher ? Ici, on ne reconnaît que des gens sains, honnêtes, soucieux de leur progéniture. Pas de vagabonds, comme vous !!!!

 

Vous êtes invité à quitter les lieux immédiatement. 

 

Dans la société actuelle, beaucoup d'hommes s'éloignent de la femme quand elle attend un enfant. Pourquoi ? Peur d'affronter la vie avec ses multiples difficultés. Mais la vie n'a pas le même déroulement pour chacun de nous. 

 

Ce papa malhonnête revient sur ses pas pour voir son enfant biologique parce qu'il a une place honorable dans la société. Autrement, il serait vite oublié comme une feuille sèche qui tombe d'un arbre.  C'est ça l'Amour ?

 

 

 

Alexandrine Pauline VERONIQUE

 

 

 

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